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10 novembre 2008

CONSTRUIRE LE REVE


CW1



A l’heure où Barack Obama, symbole vivant issu de l’union entre un père né dans le Berceau de l’Humanité et une mère qui a vu le jour dans le Nouveau Monde, est élu 44° président des USA, il me vient l’envie irrésistible d’écrire sur un jeune retraité de la NBA, Chris Webber.


Pourquoi ce choix, précisément maintenant ? Tout d’abord parce que Chris Webber demeure à mes yeux l’un des meilleurs joueurs ayant évolué sur les parquets de NBA et qu’il m’a enchantée à de multiples reprises. Ensuite parce que derrière la parfaite image de la star sur papier glacé vibre un homme avec ses qualités mais également ses défauts, comme tout un chacun. Puis parce qu’il est un philanthrope très actif au sein de la communauté nord-américaine et qu’il est toujours rassurant de constater que les mieux nantis ne se vautrent pas forcément dans leur égoïsme. Et enfin car, comme Barack Obama mais de façon différente, il a su créé un pont entre ses ancêtres africains et les Afro-américains d’aujourd’hui via une magnifique collection d’ouvrages et documents historiques.


Adulé à ses débuts, starisé ensuite, parfois décrié, il avait terminé 2006 avec l’étiquette « indésirable » accrochée à son maillot par l’équipe dirigeante des 76ers de Philadelphie avant d’intégrer le collectif des Pistons à la mi-janvier 2007.


Né le 1° Mars 1973 à Détroit, affichant un physique sculptural de 2m08 pour 110 kgs, durant toute sa carrière l’homme a du s’accoutumer aux critiques et attaques de toutes sortes, affrontant même à Philadelphie l'artillerie lourde qui avait été sortie pour le plomber définitivement. Aucune occasion n'était ratée par les médias de souligner ses mauvaises statistiques, son arrogance, ses caprices de star déchue ainsi que ses multiples séjours à l'infirmerie. De toute part il était condamné. Visiblement cela tournait à l’acharnement alors que l’admiration des fans n’a jamais chuté.


Pourtant naguère il avait été encensé par la presse. Il brillait par son jeu et ses performances depuis le collège. Issu de la Detroit Country Day School (où son numéro 44 a été retiré), il entame un cursus à l'Université du Michigan dont il sort diplômé en psychologie. Il y devient également le leader de l'équipe de basket-ball des Wolverines, si éblouissante qu'elle est surnommée le Fab Five. Popularité, gloire, sélection dans le First Team All-America, tout semble être pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Hélas, en 1993, le Fab Five affronte les Tar Heels de North Carolina en finale et, à 11 secondes du terme du match, Chris Webber demande un temps mort alors que son équipe a déjà épuisé son quota. La faute technique dont il écope signe la défaite pour sa sélection. Aujourd'hui encore cette erreur ne lui a toujours pas été pardonnée et c'est régulièrement qu'elle lui revient en pleine face et ce en dépit des merveilles qu'il a accomplies ultérieurement.


Tout comme ses blessures à répétition et son mental fragile, les sommes d'argent touchées illicitement durant son passage dans le Michigan, sa dépendance ponctuelle à la marijuana. La société se plait à ternir l'éclat du diamant. Elle aime rappeler les déficiences, souligner les carences pour mieux souiller le bon et le beau dans la laideur du mauvais. Aujourd'hui elle adore mais demain, au moindre faux pas, elle déteste. La société aime exiger de ses étoiles ce qu'elle est incapable de réaliser elle-même et pour mieux y parvenir elle excelle dans l'art d'effacer le meilleur pour n'afficher que le pire.


Nombreux sont ceux qui ont oublié que C-Webb, par sa puissance et son habileté, a été une arme offensive majeure au sein des franchises dans lesquelles il a évolué.


C'est un joueur emblématique, 1° choix de draft 1993, rookie de l'année 1994, qui a su insuffler le souffle de la victoire à ses équipes respectives, rendre attrayant leur jeu collectif. Grâce à lui, les Kings de Sacramento deviennent, lors de son passage, l'une des grandes sensations de la ligue. Les meilleurs bilans s'affichent, les playoffs sont atteints, Chris Webber est honoré individuellement. Hélas, lors d'un match de 2003, il se blesse grièvement à un genou et est mis à l'arrêt durant près d'un an. A son retour, en fin de saison 2003-2004, il prouve qu'il demeure un des joueurs les plus influents de la ligue en alignant régulièrement 20 points et 10 rebonds mais les frères Maloof, propriétaires des Kings, ont déjà décidé de se débarrasser du "poisseux" Chris Webber comme ils le surnomment. Les frères Maloof sont des hommes d'affaires pas des philanthropes. Ils ne savent pas encore qu'ils signent là la fin d'une merveilleuse époque. Les Kings sont morts !


Que s'est-il passé à Philadelphie ? Le cliché de départ d'un C-Webb de dos, affichant un pathétique V de la victoire désespéré transmettait déjà tellement de tristesse et présageait le pire lorsque l'on connait un peu le personnage... Personne pourtant n'a compris et peu, même, ont tenté de comprendre... Chris Webber était malheureux, détruit en son plus profond, de son transfert et l'est demeuré tout au long de son séjour dans la Cité de l'Amour fraternel.


Il est dur de se fondre dans un collectif dominé par un caractère aussi puissant que celui d'Allen Iverson. C'est encore plus difficile à surmonter lorsque l'on quitte un environnement où l'on était LA star, aimée de tous et aimant tout le monde. A Philadelphie, C-Webb n'est devenu que l'ombre d'Allen Iverson, l'ombre de lui-même, une marchandise vendue un prix d'or pour jouer les seconds rôles dans une franchise des tréfonds de tableau. A chaque match, il était cruel pour les fans de constater tout le désespoir intérieur inscrit sur le visage de leur idole. Une lente et douloureuse agonie qui détruisait inexorablement le tourmenté Chris Webber...


Pour ceux qui n'ont pas oublié la magie d'un certain 05.01.2001, - et j'appartiens à ce cercle -, d'un match contre Indiana Pacers durant lequel le merveilleux C-Webb marqua 51 points et prit 26 rebonds, pour ceux qui sont admiratifs devant le Chris Webber engagé dans une multitude d'actions caritatives, pour ceux qui connaissent les vraies valeurs de l'enfant de Détroit, le Roi n'était pas mort, cela ne pouvait pas finir comme ça, il était seulement endormi par une épreuve trop lourde à supporter...


Car il ne faut jamais perdre de vue que derrière le géant aux muscles impressionnants et aux mains démesurées se cache un être, comme nous. Une âme sensible, dévouée, altruiste et généreuse. Derrière l'image de star élégante fabriquée sur magazines, souriante sous les spotlights, se dissimule un homme timide et vibrant avant tout au son de valeurs ancestrales que beaucoup de nos jours ont perdu : la famille, sa famille.


Aussi, en dépit de résultats mitigés fournis durant son passage aux Pistons, le long silence qui a suivi, entrecoupé du refus d’intégrer une sélection européenne, d’un passage aux Golden State Warriors, sa franchise de départ avec le même coach qu’à ses débuts, qui n’était que le choix de sa fin programmée, je crois qu’il est juste de conserver de Chris Webber l’image que ses coéquipiers de Detroit ont livré de lui : un joueur d’humeur toujours égale, sans cesse à l’écoute, tolérant et privilégiant la communication, disponible et motivé, construisant le jeu en ne cherchant jamais à briller personnellement mais dans l’intérêt de l’équipe. Chris Webber insufflait sur les parquets un vent de générosité tant dans ses prouesses que vis-à-vis de ses partenaires et pourtant il pourrait largement faire taire ses détracteurs car il ne faut pas non plus omettre de se remémorer qu’il est l’un des 6 joueurs à afficher 20 points, 10 rebonds et 4 passes décisives en moyenne de carrière, performance qui lui a permis d’être classé à la 11° place des meilleurs ailiers forts de tous les temps par des experts de ESPN.com.


Cette générosité, cette grandeur d’âme se retrouvent dans la face privée de l’individu au travers de sa fondation ainsi que via sa collection relative à la mémoire du peuple afro-américain.


Chris Webber est actif dans de nombreux événements de charité et il a créé sa propre fondation « The Timeout Foundation » en 1993 afin de fournir des soutiens divers aux enfants et jeunes en matière d’instruction et de divertissement.


Depuis 2006, il organise chaque année son « Bada Bling » à Las Vegas. Au cours d’un weekend prolongé des vedettes du sport et du show business sont conviées autour d’une table de jeu, d’un dîner avec spectacle puis d’un concours de golf. Les fonds récoltés sont reversés à sa fondation.


L’investissement réalisé par C-Webb au sein de la communauté a, à de multiples reprises, été récompensé par diverses instances.


Parallèlement à cet engagement social, Chris Webber détient donc un magnifique assortiment de trésors culturels afro-américains. A plusieurs reprises il a exposé de nombreuses pièces au sein de musées comme ceux de Sacramento ou Detroit. Actuellement c’est au Decatur House de Lafayette Square à Washington qui en bénéficie.


Du 28 Juin 2007 au 28 septembre 2007, Chris Webber a présenté au Charles H. Wright Museum of African American History de Detroit, des livres et des documents rares dont certains sont de véritables joyaux du passé américain.


Le musée recevant cette merveilleuse sélection est la plus importante institution mondiale dédiée à l’histoire Afro-Américaine à travers plus de 30 000 pièces exhibées.

La collection de Chris Webber, composée grâce à des recherches de longue haleine via un important réseau amical très investi aux côtés du joueur, est inspirée par le désir profond de C-Webb de transmettre et partager le destin des Afro-Américains avec les autres, notamment les enfants.

Elle est constituée, en autre :


  • de la 1° édition de la      première poétesse afro-américaine Phillis Wheatley. C’est un ouvrage paru      à Londres en 1773. Née vers 1753 en Afrique, Phillis Wheatley a été      kidnappée à l’âge de 7 ans et vendue comme esclave. Ses propriétaires, les      Wheatley lui ont enseigné l’anglais et le latin. En 1771, elle publia ses      premiers poèmes, ce qui engendra une polémique car de nombreuses      notoriétés de la Nouvelle Angleterre pensaient qu’une      « Négresse » était incapable de produire de la littérature.      Après de multiples interrogatoires, il fut conclu qu’elle était bel et      bien l’auteur des écrits. Toutefois elle ne bénéficia guère de ses talents      et mourut à 31 ans dans la misère.
  • d’une carte postale de      Malcolm X adressée à l’auteur du best-seller « Racines », Alex      Haley (19.02.1964);
  • d’une carte de visite      (1870) et d’une lettre de Frederick Douglass (13.03.1878) ;
  • d’un passeport de      Toussaint l’Ouverture, esclave haïtien qui devint révolutionnaire ;
  • d’un programme d’un      spectacle ayant eu lieu le 27.01.1961 au Carnegie Hall de New York, donné      en l’honneur de Martin Luther King Jr., dédicacé par le Pasteur, lauréat      du Prix Nobel de la Paix en 1964, ainsi que par Sydney Poitier et Harry      Bellafonte ;
  • d’une lettre rédigée      le 28.03.1957 par Martin Luther King Jr. faisant référence à la résistance      passive mise en place lors du boycott des bus à Montgomery après      l’incident « Rosa Parks ».
  • d’un « LIFE      Magazine » daté du 12.04.1968, publié uniquement en hommage à Martin      Luther King Jr. assassiné le 04.04.1968.
  • d’une lettre de Booker      T. Washington, datée du 28.11.1911 et adressée au Révérend Edwin      Snell ;
  • de lautobiographie      de Booker T. Washington, Up from slavery, édition de 1901.
  • d’un ouvrage datant de      1903, intitulé « The Negro Problem », rédigé en collaboration,      notamment, par Booker T. Washington et WEB Du Bois.
  • d’une lettre de George      Washington Carver, datée du 11.02.1931. Né esclave, Carver est sorti de sa      condition grâce à l’instruction. Il fut recruté par Booker T. Washington      en 1896 et officia au sein de l’université Tuskegee de l’Alabama,      université crée par Booker T. Washington en 1881.
  • d’un livre de William      L. Harris paru en 1860 en faveur de l’abolitionnisme.
  • dune édition rare      de « The History of Colored Baseball » par Sol      White ;
  • d’un livre de      transactions commerciales (blé, sucre, textiles…) datant du début du XIX°      siècle rédigé en Virginie et incluant la vente et l’achat de familles au      même titre que les autres marchandises ;
  • d’un livre rare (édité      à seulement 10 000 exemplaires) sur Mohammed Ali, dédicacé par le      boxeur et offert à C-Webb (16.12.2004);
  • d’une lettre de      soutien que Bill Clinton adressa à Chris Webber lorsqu’il a commis son      « erreur » de demande de temps mort  en NCAA en 1993.      (07.04.1993).


Pour la majorité d’entre nous, l’essentiel des éléments de cette collection n’évoquent rien de précis mais, pour tous les Afro-Américains soucieux de leur passé, ce sont leurs seules vraies racines. Ces documents retracent les combats livrés par leurs ancêtres d’abord pour survivre ensuite pour gagner leur légitime liberté et enfin la reconnaissance de leurs droits civiques. Ils inspirent l’amour, le respect, la reconnaissance et aussi, maintes fois, la honte face aux traitements atroces que les esclavagistes réservaient à ceux et celles qu’ils ne considéraient que comme des biens matériels.


Il faut avoir lu l’autobiographie de Frederick Douglass pour comprendre combien le chemin de ces êtres a été insupportable pour résister à la terreur imposée par leurs maîtres, la violence et l’horreur du quotidien, la lutte pour gagner la liberté et accéder ensuite à la connaissance. Ces êtres humains, nos frères, ne possédaient aucun des droits légitimes dont tout humain DOIT disposer. Leur dignité était bafouée, ils étaient considérés pire que des bêtes, telles des « choses ». Le constat est terrifiant. Frederick Douglass est le premier Afro-Américain qui, après s’être échappé du joug de ses tortionnaires, a durement résisté pour acquérir l’instruction indispensable pour s’élever dans la société et, par la suite, a été nommé à un poste officiel. Ami de Harriet Beecher Stowe, il était convaincu que seule la culture pourrait permettre aux Noirs de sortir de leur condition et d’accéder à une meilleure considération sociale.


Sensiblement à la même époque, Booker T. Washington possédait une opinion divergente de celle de Douglass et de, plus tard, WEB Du Bois, il préconisait la « transparence », se fondre dans la société, se révéler indispensable dans le système économique, s’instruire certes, mais ne pas chercher à s’imposer, à s’élever, pour ne point blesser les susceptibilités des « Blancs ». WEB Du Bois, dans son œuvre majeure « Les âmes du peuple noir » affirme que « le problème du XX° est le problème de la ligne de partage des couleurs ». L’auteur évoque avec une puissance inégalée l’étendue du racisme américain et révèle, dans une écriture élégante et passionnée, la réalité de l’expérience quotidienne afro-américaine dans l’Amérique de la ségrégation.


Il faut comprendre l’indignation de Malcolm X lorsqu’il constate, avec humour de surcroît, qu’un siècle après la fin de la guerre civile, les chimpanzés bénéficient de plus de reconnaissance, de respect et de liberté aux USA que les Afro-Américains. Il faut admettre sa « colère » lorsqu’il songe que ses ancêtres vivaient paisiblement en Afrique, que des « Blancs » ont détruit des familles, des tribus, en les exilant sur une terre dont ils ignoraient même jusqu’à l’existence, pour les réduire à une inexistence pire que l’enfer pendant près de 300 ans, pour leur octroyer ensuite une liberté qui leur était, en fait, fondamentalement acquise et finir par les abandonner dans la misère, dépourvus de tous leurs droits civiques…


Ces divergences d’opinions quant à la façon d’être, quant à la manière d’exister et de s’affirmer dans la société ont engendré divers mouvements et adeptes à travers les décennies. Il semblerait, et c’est tant mieux, que les parties les radicales ne soient pas celles qui aient obtenu les meilleurs résultats. Au final, il est rassurant de réaliser que l’idéologie développée et mise en place par Martin Luther King Jr. ait été la solution la plus efficace à ce qui n’aurait jamais du être un « problème ».


La résistance passive, la révolution non-violente chère et essentielle à Martin Luther King Jr. n’est pas seulement une lutte pour obtenir la reconnaissance des droits civiques légitimement réservés aux Afro-Américains. Sa vraie vocation est d’aboutir sur une amitié avec des hommes qui refusent ces droits, elle doit changer les esprits, les mentalités, profondément, sincèrement, par l’amitié et la foi que Dieu met en nous, qui nous renforce et nous améliore.


Par ces expositions, Chris Webber ne cherche point à rallumer de vieilles haines ou rancoeurs, il désire seulement informer, par de maigres pièces subsistant de ces sombres heures, de ce qu’a été l’histoire des Afro-Américains depuis plus de 200 ans, de l’impact engendré par ces êtres sur les vies de chaque américain d’aujourd’hui. Il a débuté cette collection telle une démarche pour s’encourager lui-même à savoir affronter les épreuves de l’existence avec courage et dignité. Elle reflète son sens des valeurs et ses aspirations. Profondément croyant, il nous offre généreusement la possibilité de mieux comprendre l’Histoire, il nous tend une main amicale, il ouvre la porte de la communication, il nous invite à prolonger le rêve de Martin Luther King Jr. Dans cette voie, ce n’est pas une exposition tournée vers le passé mais vraiment vers ce que peut être le futur grâce à la foi, l’intelligence et la persévérance de l’espèce humaine.


Martin Luther King avait fait un rêve, pour lui, il n’a pas eu peur de « sacrifier » sa vie. Chris Webber le construit, à sa façon, et c’est lui qui le dit. Ecoutons-le…

 

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Commentaires
L
chris webber et l un de mes joueurs préférer et grace a vous j ai plein d information !!
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